Pourquoi des matelas en latex ?

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Les matelas en latex sont populaires, ils ont bonne presse, et nombreux sont les consommateurs à ne pas savoir quoi choisir entre un matelas en mousse, à ressorts, de peur d’être coincé 10 ans avec le mauvais choix. Il y a pourtant un autre élément qui n’aide pas à se décider, devez-nous aussi inclure le choix du latex dans nos recherches ? Ça commence à faire beaucoup…

D’où provient le latex sur lequel nous dormons ?

Si vous n’êtes pas allergique au latex volatile comme environ 98 % de la population, vous n’aurez aucune inquiétude à dormir sur cette matière tirée de l’Hevea brasiliensis », qui pousse principalement en Asie du Sud-Est. 

Bien qu’originaire d’Amérique du Sud (comme son nom l’indique Brasiliensis… du brésil), en 1876, l’explorateur britannique Sir Henry Alexander Wickham embarqua avec lui plus de 70.000 graines d’hévéa de ses excursions au Brésil pour les ramener au jardin botanique de Londres afin de contourner le commerce monopolistique brésilien de latex qui était très fort à la fin du 19eme siècle dans le monde. 

Son but était de l’exporter vers les colonies britanniques, en commençant par le Sri Lanka puis la Malaisie pour créer un nouveau modèle économique défiant le numéro un, le brésil.

Malgré un très faible taux de reproduction des plants importés dû aux climats bien différents de ces plantes accoutumées au climat sud-américain, le Sud-Est asiatique devient au début du 20eme siècle, soit en l’espace de 2-3 décennies, le premier producteur mondial d’extraction d’hévéa liquide grâce à ses nouveaux pays producteurs que sont l’Indonésie, la Thaïlande, le Vietnam, l’Inde, mais aussi une partie de la Chine du Sud qui produisent jusqu’à 9 dixième de la production mondiale, laissant l’Afrique et les Amériques produire le reste de l’hévéa naturel disponible autour du globe. Cet âge d’or du latex visqueux était, à cette époque, une véritable source de revenue pour des millions de paysans dans le monde, comme pourrait l’être aujourd’hui le soja ou le maïs par exemple…. 

Mais ça sert à quoi l’hévéa dans la composition du latex ?

Le mot caotchu, est issu de la langue quechua (Cao = bois, tchu = qui pleure ) parce que tout simplement, la technique consiste à entailler les troncs d’arbre pour en extraire une sève blanche qui sert de base au caoutchouc naturel.

La collecte du lait d’hévéa est uniquement réalisée à la main, il n’existe pas de processus industriel d’extraction massif de ce fluide si particulier. Il est ensuite transvasé dans des cuves de stockage avant d’être filtré puis purifié de ses impuretés. 

La dernière étape consiste à le mixer avec de l’eau et de l’air pour éviter toute coagulation durant ses différentes exportations à travers le monde. Quelques composants chimiques sont ajoutés à faible dose pour éviter cette coagulation qui signifierait la perte totale de la cuve et des milliers d’heures de travail partie en fumée.

Pour transformer cette matière première noble et naturelle, il existe différents procédés, qui ne seront pas les mêmes dans l’industrie de la literie, telle que nous la connaissons, que dans celle du pneumatique (car toutes deux ont besoin de cet hévéa liquide).

En ce qui concerne les matelas, comment deviennent-ils les nids douillets que nous connaissons à partir de ce suc végétal qui se solidifie ? 

Nous devons cette transformation à l’inventeur écossais John Boyd Dunlop qui en 1887 avait compris les principes de la vulcanisation, c’est-à-dire de la transformation des polymères à longue chaine qui forment le caoutchouc pour en obtenir une matière résiliente et stable destinées aux pneumatiques bientôt une référence dans leur domaine, les pneus de la marque éponyme, dunlopillo.

C’est finalement 5 ans après la mort du brave John Boyd Dunlop, qu’un chimiste de l’entreprise Dunlop nommé « Edward Murphy » inventa dans les années 1930 les premiers matelas en latex avec un procédé révolutionnaire, le procédé Dunlop. 

Edward Murphy déposa tout de même une quarantaine de brevets durant sa carrière, il permit surtout à Dunlop de devenir LA référence britannique du confort que l’on retrouvait partout en grande bretagne comme dans les sièges de bus, les chariots, les tramways, les train, les cockpits… Ils étaient partout ! Dunlop devint LA toute première firme à commercialiser le tout premier matelas en latex naturel en Avril 1931. 

En seulement 8 ans, plus de 30000 matelas de cette composition avant-gardiste seront écoulés sur le marché du Royaume Uni, une innovation internationale, très peu contestée depuis, même si les ventes de matelas en latex ont souvent fluctué en fonction des phénomènes de mode depuis les années 70.

Comment donc s’y retrouver entre les différents latex avec toutes ces gammes de prix ?

Aujourd’hui, des dizaines d’industries à travers le monde transforment l’hévéa pour confectionner des matelas de plus ou moins bonne qualité. Pour fabriquer un bon matelas en latex, il faut déjà un moule en acier inoxydable par dimension de matelas (il en faut donc un en 80×200, un en 90×200, un en 140×200, un en 160×200 pour les autres dimensions, on découpe le surplus ou on réalise des collages pour obtenir des dimensions plus grandes). 

Un moule en acier inoxydable spécifiquement dédié à la vulcanisation du latex coûte plutôt cher, entre 10 et 15000 euros l’unité. Car, à la manière des moules à gâteau, ces réceptacles géants sont parfaitement calibrés pour cuire la matière première. D’ailleurs, en parlant de calibrage, la plupart du temps les dimensions se termine en « 8 » ce qui veut dire qu’un bloc 160×200 sera conçu dans un moule de 158×198 cm… C’est tout à fait normal, il faut comprendre que lorsque le matelas est « habillé » avec ses quelques épaisseurs de textiles, il gagne un bon centimètre, donc une finition en « 9 » extérieur est parfait.

(En literie, la plupart du temps, pour ne pas dire que c’est censé être une règle, car à toute règle, il existe des exceptions, les matelas et sommiers sont vendus en « 9 ».)

Pour l’exemple d’un produit en 160×200 cm, vous avez acheté un 159×199 cm (dimension finie), idem pour un sommier tapissier, cadre avec lit électrique, etc. 

C’est normal, ces produits sont calibrés pour pouvoir tenir dans le cadre d’un lit par exemple qui lui est en « 0 » 160×200 cm net, et après les finitions esthétiques, mieux vaut avoir un cm un centimètre plus court qu’un centimètre qui dépasse.

Donc, pour en revenir à nos moules inoxydables, de fins picots disparates en acier tapissent l’intérieur de ces moules, et ces derniers sont très intéressant dans la conception des blocs de latex, puisqu’ils jouent un double rôle ;

La première utilité de ces picots est la création de zones ergonomiques pour le confort des dormeurs. Plus les blocs bruts sont travaillés ergonomiquement avec ces créations d’alvéoles, mieux les poids des dormeurs seront répartis sur le matelas grâce à ces microperforations différenciées qui épouseront leurs morphologies et leurs positions de couchage. 

Leur deuxième mission est toute aussi précieuse puisqu’elle concerne le process industriel, ils permettent un temps de séchage à cœur des blocs qui ont subi une vulcanisation jusqu’à 120 degrés Celsius. Le temps étant de l’argent, il faut aller vite, et plus vite c’est sec, plus vite c’est prêt, plus vite c’est vendu… 

Enfin, n’oublions pas que plus il y a de picots, moins il y a de matières… Là c’est une double économie combinée à un argument de vente, c’est ce qu’on appelle un produit révolutionnaire.

C’est pour toutes ces raisons que vous avez des petits trous dans vos blocs de latex lorsque vous regardez à l’intérieur de vos matelas, il y a une vertu nécessaire à ces perforations, ils permettent également d’améliorer la ventilation de ces blocs qui sans cela serait très peu perméables, donc chaud la nuit pour les personnes qui souffrent de suée nocturne.  

Le latex étant constitué de cellules très rapprochées et fermées, ne permet pas une évacuation efficace de chaleur. Ces perforations jouent donc ce rôle essentiel bien que cela reste moins efficace que les autres technologies de literie comme le ressort ou certaines mousses polyuréthanes de nouvelle génération par exemple.

Est-ce que vous recherchez « un matelas latex 100% naturel » ou « un matelas 100% latex » ? 

Si les deux termes semblent être la même chose pour un néophyte, les réglementations en vigueurs autorise ces 2 appellations pour 2 catégories pourtant distinctes.

Un matelas « latex 100% naturel », sera constitué, comme pour le procédé Dunlop initial, du « lait » d’hévéa naturel à plus de 85% de la teneur totale de la composition du bloc de latex, le restant étant des additifs chimiques tels de l’ammoniaque, de l’acide formique pour la vulcanisation et au moins 10% d’agents de charges divers ayant pour rôle principal de diminuer la présence de matière première d’hévéa liquide (plus onéreux) et de « couper » la matière. Il y a donc des industriels qui se limitent à 85% d’hévéa liquide, tandis que d’autres en proposent 90 à 95%, mais leurs appellations resteront exactement la même, à savoir des LATEX 100% NATUREL

(Attention, l’appellation n’est valable UNIQUEMENT si le bloc de latex fait plus de 10 cm d’épaisseur et que le matelas est UNIQUEMENT composé de cette matière.) 

Quant aux « matelas 100% latex », si le nom ressemble à la précédente dénomination, il y a une petite subtilité. Ici, le matelas n’est pas naturel, mais peut-être considéré de la famille des « latex » à partir du moment où le bloc de latex contient 10 à 20% d’hévéa naturel mélangé à 80 à 90% d’agents pétrochimiques (proche des compositions de la mousse polyuréthane). Le matelas doit également être composé UNIQUEMENT de cette matière pour s’appeler « 100% latex »  et faire également + de 10 cm.

Enfin, et c’est important de le noter, les densités de latex sont toujours plus denses que les densités de mousses (car les mousses contiennent plus d’air et les cellules sont plus légères et ouvertes que celles du latex plus concentré sur elles-mêmes. On ne pourra donc pas comparer les densités du latex avec celles de la mousse. 

Pour trouver un équivalent, un latex milieu de gamme de 70 kilos de densité sera aussi résistant qu’une mousse milieu de gamme 35 kilos, en tout cas, ces matelas seront dans des gammes proches en termes de coûts de fabrication et de durée dans le temps et sans doute de prix de vente TTC dans la mesure où les produits ne comportent pas de disparités sur la conception globale, l’origine de la fabrication et la noblesse du tissu utilisé…

Alors, après avoir dit tout ça, est-ce qu’un matelas en latex est essentiel pour bien dormir ?

Pour bien dormir, un matelas en latex peut effectivement s’avérer efficace, mais aussi tout son contraire…. Comme toujours lorsque l’on parle de literie, rien n’est évident en ce qui concerne le choix car chaque individu possède ses propres critères subjectifs de confort, sa propre morphologie, ses propres positions de couchage, chacun de ces paramètres peuvent faire varier le ressenti du dormeur et comme toujours c’est en essayant qu’on sélectionne ce qui nous convient.

Pour en savoir plus, regardez notre vidéo !

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À propos de l'auteur

Larick, expert de la literie, fondateur des marques Le Matelas Vert et Vaudou Sport.

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